1 oct. 2008

C'est quand tout le monde est spontanément d'accord qu'il faut s'inquiéter !

« Il y a quelque chose qui m’échappe : j’ai beau expliquer rationnellement à mes équipes, on ne se comprend pas et rien ne se passe », me disait dernièrement la responsable de la fabrication d’une usine.
La trentaine, c’était son premier poste de management après deux postes techniques en usine.
« Par rationnellement, vous entendez quoi, lui répondis-je ? »
Elle marqua un blanc et me dit : « Eh bien, que j’ai passé du temps à analyser à fond le problème, à envisager les différentes hypothèses et à construire la meilleure solution.
– Vous pensez vraiment que, pour un problème complexe, il n’y a qu’une solution possible ? Je comprends bien que 1+1 égale toujours 2, mais la vie est rarement aussi simple. Donc s’ils ne comprennent pas, c’est peut-être qu’ils ne font pas la même analyse. Moi, voyez-vous, c’est quand les gens sont spontanément d’accord avec moi que je suis inquiet : j’ai l’impression qu’on est en train de passer à côté de quelque chose. »
Je m’arrêtai un instant, puis poursuivis : « Donc, j’ai tendance à vous retourner votre question : comment pouvez-vous trouver normal qu’après une seule explication « rationnelle » vos équipes adhèrent à ce que vous leur demandez ? Pourquoi voulez-vous éviter une confrontation ? Pourquoi, au contraire, ne la recherchez-vous pas ? Doutez-vous de la solidité de votre raisonnement ? Craignez-vous qu’une confrontation débouche sur un conflit ? »
Rationalité, évitement, confrontation, conflit… J’aurais pu ajouter consensus… Nous pensons trop souvent que notre explication est rationnelle, logique, incontournable.
Alors nous cherchons à éviter la confrontation, nous voulons le consensus, l’obéissance, la mise en œuvre sans discuter…
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

jolie analyse
corroborée par la connaissance du fait que le non verbal compte pour plus de 70% dans les échanges.
Ce n'est jamais la conviction de celui qui parle qui emporte les succès, mais l'engagement dans la démarche initiée par ses paroles et ses actes.
A votre neuromanagement très intéressant, je rajouterai aussi des éléments de psychologie sociale, car l'inconscient tient une place bien plus large que le conscient dans cette affaire
ML

Robert Branche a dit…

Effectivement la partie verbale d'un échange n'est que la "surface" de la communication.
L'inconscient personnel a bien sûr une place plus large que celle que j'évoque ici.Mais dans "Neuromanagement" je me sers que de quelques aspects comme un levier pour revisiter le management.