5 nov. 2009

LES TOURS MONTENT TOUJOURS PLUS HAUT

Histoire de caverne (Saison 3 – Épisode 9)

Grâce à l'importation d'une population de chimpanzés, Johnny comptait casser le monopole des gorilles. De mon côté, il me restait à développer les piles de cabanes.

« Comment appeler ces piles de cabanes, pensais-je ?
- Papa, tu me fatigues avec tes piles, me dit Thomas en sortant. »
J'avais dû penser tout haut. Il fallait que je fasse attention, cela tournait à l'obsession.

Pourtant, tout avançait bien. Les plans que m'avait laissé Johnny étaient suffisamment clairs et Jordana avec l'aide d'Isabella les avaient même améliorés : maintenant, nous pouvions mettre huit cabanes par niveau et non plus seulement de quatre et six niveaux au lieu de trois. 
La construction des piles avaient commencé très vite. Johnny n'était reparti que depuis trois mois, et nous allions inaugurer la première pile, la semaine prochaine. La formation des chimpanzés avait commencé. Aucune raison de s'inquiéter.
Oui, mais je n'avais pas trouvé de nom et je n'arrivais pas à me faire à l'idée de lancer les piles en les nommant « piles de cabanes ». D'ailleurs, Jacques était d'accord avec moi : il refusait de se lancer dans les piles de cabanes sans un nom un peu vendeur.
« Tu vois vraiment ton journal « L'écho des cavernes » titrer : Vive les piles de cabanes, m'avait-il dit enfonçant le clou à l'endroit qui fait mal ? »
Une fois de plus ce fut Jojo qui me sauva.

« J'ai une idée, me dit-il, deux jours avant l'inauguration. Pourquoi ne pas les appeler simplement les « Tours du futur » et lancer une campagne d'information sur le thème « Donnez de la hauteur à votre vie » ?
- Génial et simplissime ! Vendu, on lance les tours du futur. »
Pour une dernière validation, j'en parlais à Jacques qui fut emballé. Il ne réalisa pas que le succès des tours risquait de diminuer la valeur de tous les terrains qu'il avait acquis. D'autant plus, que pour une tour, le type de terrain requis n'était plus exactement le même : il fallait un sol plus ferme, et aussi un point de vue pour créer une survaleur pour les derniers étages.
La réaction du marché local fut immédiate : tout le monde voulait habiter dans les derniers étages des tours. Qui pouvait ne pas vouloir « donner de la hauteur à sa vie » ?
La spéculation immobilière repartit donc de plus belle. Il fallait toujours plus de billes pour financer les achats, et mes prêts assis sur la valeur du bien acquis faisaient merveille. Plus les cabanes montaient, plus les prix aussi et mes prêts suivaient.

Du côté du bout du bout du monde, Johnny n'avait pas non plus perdu son temps. Ses chimpanzés avaient cassé le monopole des gorilles et fait s'effondrer les prix : on ne payait plus un régime de banane pour une journée de travail, mais pour une semaine. Et les idées de repos rémunérés avaient été rapidement abandonnées.
Surtout, il avait enfin trouvé une idée pour améliorer les communications. Tout était parti, comme toujours avec Johnny, d'une constatation banale. Un jour où il était assis à côté de Christina, Paulo entra en disant :
«  C'est drôle, je savais que vous étiez là tous les deux.
- Ah bon, te voilà aussi devin, lui dit Johnny ? Tu veux faire le Jojo local ?
- Arrête avec tes sarcasmes ! Non, c'est tout simple. De loin, j'ai vu le soleil se refléter sur la pierre que Christina porte autour du cou. Comme il n'y a qu'elle qui porte une pierre verte, ce n'était pas difficile. Le reflet était comme signé. »
Il y eut alors comme un blanc. Les yeux de Johnny s'arrondirent brutalement et il se leva en criant :
« Viens que je t'embrasse. C'est génial, tu viens d'inventer la transmission à distance !
- La transmission à distance ? Christina, s'il te plaît, fais quelque chose pour calmer Johnny. Je crois qu'il a un peu trop fumé de tes herbes locales.
- Mais je n'ai rien fumé du tout. Tu viens sans t'en rendre compte de m'apporter la solution que je cherchais. Je t'explique. Si nous voulons vraiment tirer parti de notre présence des deux côtés du bout du monde, il nous faut un moyen pour communiquer rapidement entre ici et le pays des cavernes.
- Oui, tout le monde le sait. Et ce délai est d'un mois.
- Grâce à toi, il n'y a plus de délai du tout. Nous allons pouvoir parler avec Bobby, Jojo, Jordana ou Jacques comme je te parle à toi.
- Tu rêves ! Christina, je t'en prie, fais quelque chose. Cela ne peut plus durer.
- Attends. Imagine que j'envoie depuis ici un éclair lumineux comme la pierre de Christina, on pourrait le voir de loin, non.
- Oui, bien sûr. C'est exactement ce que je viens de te dire.
- Imagine maintenant que l'on construise un code qui fasse correspondre à chaque lettre un certain type de signal lumineux, on pourrait ainsi transmettre à distance des phrases.
- Oui, mais jamais jusqu'au pays des cavernes. Ils sont trop loin pour voir le moindre signal lumineux. Et il y a les montagnes entre nous et eux.
- Je sais. Mais si nous mettons en place des relais. Nous pouvons transmettre progressivement le signal. Construisons des piles de cabanes aux bons endroits et le tour sera gagné.
- Tant qu'il y aura du soleil, rajouta Christina en souriant. Je te taquine, ton idée est géniale ! »
Il fallut six mois pour construire le réseau des « tours de la parole » (c'est comme cela qu'elles furent rebaptisées par Bobby dès qu'il eut connaissance du projet). Ce réseau fut rapproché de celui des panneaux de pierre de l'Écho des Cavernes. A cette occasion, l'Écho des cavernes changea de nom et devint l'Écho du Monde.

Grâce à l'Écho du monde, nous pouvions communiquer à distance via les tours de la parole et le diffuser localement via les panneaux de pierre.
Nous étions riches, globaux et surpuissants. Nos tours étaient montées jusqu'au ciel…
(à suivre)


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