23 mars 2010

DEUX « PARADIS » DE LA VOITURE, DU BRUIT ET DU CONSTRUIT

Si seulement quand on chassait le naturel, il revenait au galop !

L'avion est posé depuis une vingtaine de minutes quand j'arrive à la douane. Regard crispé et peu avenant. Coup d'œil sur le passeport et le visa. Pas de questions. Quelques instants plus tard, le taxi roule sur l'autoroute au milieu d'une campagne reconstruite. Alignements d'arbres, puis rapidement de cités qui se succèdent. Le flux des voitures se densifie et les autoroutes s'entremêlent. Paradis du pétrole, du béton et du bruit.

L'avion est posé depuis une vingtaine de minutes quand j'arrive à la douane. Regard fixe et autoritaire. Pas question de plaisanter et de tergiverser. Coup d'œil sur mon passeport, pas besoin de visa. Quelques instants plus tard, le taxi est directement happé dans le flux continu. Parler de flux est inapproprié, vue l'absence de vitesse. L'horizon est rythmé d'autoroutes, d'autoponts et de « mall ». Paradis de la voiture, du commerce et du bruit.

Marcher est toujours une entreprise risquée. L'ordre dans cette ville est dicté par le rapport de force : la voiture domine, et c'est aux vélos de les éviter ; les deux ont pour cible commune les piétons qui s'engagent à leurs risques et périls sur le macadam. Le piéton se cantonne donc dans les espaces qui lui sont réservés. Nuées de fourmis pressées, s'arrêtant parfois pour saisir une brochette, une soupe ou un journal.

Marcher est une activité suspecte. Personne ne marche dans cette ville : on y roule, c'est tout. Quand on s'extrait de sa voiture, c'est pour s'engouffrer dans un bureau, un bar, un restaurant ou un magasin. Les quelques piétons se dépêchent de ne plus marcher, et en sont presque à s'excuser d'être là, pouvant gêner par leur présence l'empire mécanique.

Pour affirmer sa modernité, Pékin a rasé sans état d'âme l'essentiel de son passé. N'ont été épargnés que la cité impériale, quelques jardins et un ilot de « hutongs ». Les grandes avenues et leurs chapelets de cités climatisées ont envahi l'espace, se propageant du centre à la périphérie, périphérie qui s'étend sans fin d'anneau circulaire en anneau circulaire.

Los Angeles est née moderne, et, n'ayant pas de passé, n'a rien eu à raser. Elle étale les étoiles de sa superbe en les imprimant sur les trottoirs d'Hollywood boulevard. Les grandes avenues et leurs chapelets de lotissements dessinent l'espace, se propageant comme un tapis qui se déroule, toujours plus loin.

Au-delà des différences, ces deux mégapoles si distantes dans l'espace physique et culturel se regardent et se jaugent par dessus le Pacifique, comme deux piliers jumeaux de notre modernité actuelle.

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