17 juin 2010

NOUS N’AVONS JAMAIS DIRECTEMENT ACCÈS AU RÉEL

Où est la copie, où est l’orignal ?
Ils ne se connaissent pas, ou du moins notre regard nous le fait croire. Qu’en est-il ?
Elle s’est bien assise au premier rang, mais ne semble pas vraiment intéressée par la présentation de ce livre. Elle est surtout tirée par le regard de son fils qui lui fait comprendre qu’il a plus faim de nourritures terrestres qu’intellectuelles. L’auteur est debout et parle de l’importance du regard. Où est la limite entre l’original et la copie ? Affaire de point de vue. Elle s’échappe en ayant laissé un numéro de téléphone.
Les voilà un peu plus tard, ensemble en voiture. Jeu de ping-pong verbal brillant. Comme un remake d’une de ces conversations si chères à Rohmer. Sont-ils de vieux amis ? De vieux amants ? Des complices de leurs mots, découverte récente ? Comment savoir.
La conversation se poursuit dans un café. Le temps d’une brève absence, la patronne du café engage une discussion avec la femme et dit son admiration pour ce couple si uni et qui, manifestement, s’aime encore et se désire. En effet, elle qui n’a pas vu le même début que nous, se méprend sur leur relation. Mais se méprend-elle vraiment ou est-ce nous qui avons été trompés ? Comment savoir.
De nouveau en voiture, l’histoire a bifurqué pour entrer dans celle vue par la patronne du café. C’est clairement un couple que nous observons, u couple fatigué, déchiré, elle qui s’accroche à cet homme distant qu’elle aime et qui lui échappe.
Les rebonds et les bifurcations se poursuivent au gré des rencontres et des regards posés sur eux ou qu’ils posent sur les autres. Un rouge à lèvres et des boucles d’oreilles suffisent-ils à se changer, se transformer ? Une nuit de noces peut-elle être revécue ? A-t-elle d’ailleurs eu lieu ?...
Copie Conforme, le dernier film d’Abbas Kiarostami, est un jeu de miroirs qui nous perd dans une succession de reflets formants et déformants. Impossible de savoir ce qui est réel ou ne l’est pas, où est la copie et où est l’original. Nous n’avons accès qu’à ce que nous donne notre regard et jamais à plus. Nous ne pouvons pas passer de l’autre côté pour être sûr de ce qu’il en est.
Comme dans la vie…

4 commentaires:

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Je n'ai pas vu le film que tu évoques mais merci de nous faire plonger dans une réflexion sur le regard qui prend des formes multiples
qui déforme et reforme ce que l'on appelle communément réalité..ce regard qui la crée tout simplement..au point qu'elle est fort justement ici remise en question....
Le regard n'apporte jamais au fond,qu'un point de vue...et les choses de la vie changent de sens autant qu'il est possible...

Robert Branche a dit…

La vie est faite de ces bonds et rebonds, de ces bifurcations étranges qui forment et déforment...

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Et dans tout cela ,l'essentiel est d'aimer la vie sous toutes ses formes même les plus inattendues

Robert Branche a dit…

sans inattendu, il n'y a pas de vie...