9 janv. 2012

MÊME PAS MORT, NA !

Histoire de stent
22 décembre 2011, 15 heures, place de l'Hôtel de ville. Que faire ? Rentrer à pied à la Croix Rousse ou prendre le métro ? Plus très envie de marcher, voilà déjà plus de deux heures que je suis parti et que je sillonne les rues de Lyon. La bouche d'entrée est là, tentante. Je m'en approche, mais au dernier moment, change d'avis et décide de profiter encore un peu plus de la chaleur inhabituelle.
Une décision sans importance, banale, comme nous en prenons sans arrêt, à chaque instant, tous les jours. Est-ce que l'on va à droite ou à gauche ? Est-ce que l'on fait cela tout de suite, ou est-ce qu'on le reporte un peu plus ? Le plus souvent, nous ne percevons pas les conséquences de nos choix. Trop d'aiguillages à venir, trop d'aléas, trop d'incertitudes. Et pourtant, notre vie et celles des autres se font de ces choix multiples, de ces microdécisions prises à la vite, et des enchaînements qu'elles provoquent.
Ce 22 décembre 2011 à 15 heures, place de l'Hôtel de ville, si j'avais pris le métro, je serais mort quelques jours après.
Fatalité, destin, grâce immanente ? Non, juste un hasard favorable et palpable, une vie sauvée, la mienne, pour rien, à partir de rien.
22 décembre, 15 heures 15, une douleur dans la poitrine gauche pendant l'effort associé à la montée des pentes de la Croix Rousse. Quatre heures plus tard, sur un coup de tête, la décision de parler de cette douleur à ma nièce qui allait venir dîner. Sept heures plus tard, cette nièce qui a réalisé que je risquais à tout moment un accident cardiaque et a appelé immédiatement un ami cardiologue.
23 décembre à 8h du matin, ce cardiologue qui a décidé de me faire une coronarographie. À 10h du matin, la découverte d'une artère bouchée à quatre-vingt quinze pour cent. À dix heures trente, la pose d'un stent et la réparation de l'artère.
Ainsi va le monde. Nous savons si peu de ce qui est important pour nous, de pourquoi nous faisons les choses, de qui nous sommes...
Ce 22 décembre 2011, j’ai touché du doigt la réalité de la superficialité de notre compréhension.
Raison de plus de continuer à repousser un peu plus loin les limites, et, même si, comme l'a écrit en 1922, Ludwig Wittgenstein, en conclusion de son Tractatus Logico-Philosophus : « Ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence », d’essayer de démêler les fils de notre monde et de tous ces emboîtements qui le constituent.
Life goes on…

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Non non faut rester encore un peu pour continuer tes blogs !!

Happy Nouilleur 2012 !!

Robert Branche a dit…

Cette histoire est évidemment vraie, je ne me serais pas "amusé" à l'inventer. Tout va bien maintenant , pas de soucis .... mais vraiment ce fut d'un rien !
Merci pour votre soutien :-)

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Si on a l'âge de ses artères ,en voilà une pour toi,remise à neuf!Eh bien c'est une bonne nouvelle vois-tu!Et mieux vaut parler en certaines circonstances pour prendre conscience,grâce à l'autre de ce que l'on ne voudrait imaginer pour soi!Cette mise aà distance t'a sauvé!
Tout est bien qui finit bien.
Joli conte de Noël...

Robert Branche a dit…

Ce fut effectivement un joli conte de Noël... que nous avons arrosé ensuite... car l'alcool est bon pour les artères ! :-)

Anonyme a dit…

Une grosse bise de la nièce en question....

Robert Branche a dit…

Et en grand merci en public ! :-)

Philippe MULARSKI a dit…

Actuellement en mission à 8000 kilomètres de là, je ne découvre votre billet qui m'a extrêmement touché qu'aujourd'hui.
L'heureux dénouement ne pouvait arriver qu'à vous :
- attentif à "un indicateur avancé" : la douleur à la poitrine,
- communiquant car imaginant inconsciemment quel que part le "pire des scénarios possibles" comme vous le dites dans vos ouvrages
- positif dans la narration de cette aventure
Cela illustre ce que vous appelez à ce que chacun d'entre nous soit : "un paranoiaque optimiste"
Je m'associe au grand merci à votre nièce, vous avez encore tant de choses à nous apporter sur le décryptage de l'ncertitude.
Bonne année et bonne santé pour 2012.

Robert Branche a dit…

@Philippe
Merci pour votre commentaire ! Je vais essayer de profiter au mieux de ces années gagnées, de m'en servir pour approfondir des réflexions (je travaille actuellement sur un nouveau livre qui devrait sortir d'ici la fin de 2012)... en espérant apporter ainsi ma pierre à une meilleure compréhension et acceptation de l'incertitude