24 mai 2012

L’ENTREPRISE, NI DIEU, NI DIABLE

L’entreprise est une construction contingente (3)
Dans mes deux derniers articles, j’ai expliqué pourquoi d’abord il ne fallait pas penser les entreprises comme nées de nulle part, mais bien les comprendre comme le fruit de l’histoire de notre monde, pourquoi ensuite elles vont muter et se transformer en profondeur, ce très prochainement. Je terminais avec l’affirmation qu’il était impossible de prévoir quelle serait la nouvelle forme d’organisation qui viendrait à émerger, en prenant l’image de la chenille incapable de se penser papillon.
Peut-on toutefois mettre l’accent sur quelques points qui pourraient structurer cette émergence ? Je vais m’y risquer…
Mais avant cela, je voudrais d’abord m’élever contre une forme de double dogmatisme dominant :
  • d’un côté, la propagation croissante d’un discours venant faire des entreprises une sorte de Deus ex machina, sources d’exploitation à la fois des hommes qui la composent, des clients qu’elles exploiteraient et de la planète qu’elles videraient de sa substance,
  • de l’autre, une forme de sanctuarisation des entreprises comme l’outil absolu et idéal de la création de valeur, du développement économique et du progrès.
Les entreprises ne valent ni ces anathèmes, ni ces sacralisations, et le capitalisme qui les sous-tend non plus. 
Le monde est en perpétuelles création et transformation, sous la triple dynamique de l’accroissement de l’incertitude, de la multiplication des emboîtements et des émergences nouvelles.
Comprenons seulement que nous sommes à la fin d’un mode d’organisation – et non pas d’un cycle, car le mot de cycle supposerait un retour en arrière –, et que la complexité et la richesse de nos systèmes collectifs vont franchir une nouvelle étape.
Les tensions qui se répandent sont le témoignages des émergences en cours : les transformations réelles ne peuvent se faire sans mettre en tension tout ce qui existe. Accuser les entreprises de maux parfois réels mais dépassés n’est pas pertinent ; vouloir lutter contre ces transformations au nom d’une idéalisation de ce qui a précédé est dangereux et inopérant.
Comprenons donc qu’il ne nous faut plus réfléchir à partir du passé, que nos expériences sont de plus en plus contreproductives, et préparons-nous aux émergences en cours.
Quelles sont donc les forces en cours ?
(à suivre)

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