17 oct. 2013

L’ENTREPRISE N’EST PAS UN PRODUIT HORS-SOL, ELLE EST UN CONTRUIT DE L’HISTOIRE DU MONDE

Introduction des Radeaux de feu (2)
Suite de l’introduction des Radeaux de feu
D’abord en remettant en perspective le management, et l’objet sur lequel il s’applique, à savoir les entreprises : elles ne sont pas des entités tombées du ciel, et émettre des critiques les concernant n’est pas un crime de lèse-majesté. À lire les auteurs de traités portant sur le management, on a souvent l’impression qu’ils sont créationnistes, et nient l’évolution : penseraient-ils qu’un Deus ex-machina est venu déposer une entité parfaite au milieu des hommes ? Or l’entreprise n’est née qu’il n’y a quelques centaines d’années, et moins de deux cents ans pour sa forme actuelle, c’est-à-dire rien au regard de l’histoire du monde qui se compte en milliards d’années pour les temps du minéral et végétal, et en centaines de milliers pour l’homme.
Pour ma part, ne croyant pas que l’entreprise soit un produit hors-sol, ni qu’elle ait surgi du néant, je la vois comme une construction contingente, issue d’un passé dont on ne peut pas faire table rase. Elle n’est pas réellement un construit des hommes, mais davantage un construit du monde, un temps de l’évolution.
Telle est la première hypothèse de mon travail de remise en perspective : les lois de la nature s’appliquent à l’entreprise. Ou, formulé autrement, l’entreprise, en tant que construit social, ne peut s’abstraire de la nature. Donc pour comprendre l’entreprise, il faut comprendre le monde.
Voilà pourquoi ce livre débute par le récit de ces presque quinze milliards d’années qui se sont écoulées depuis le Big Bang, une promenade successive au temps du minéral, du végétal, de l’animal, et de l’homme.
Afin de faciliter la lecture, chacune de ces étapes commence par un résumé des points-clés, points qui sont développés ensuite. Une façon de faciliter la lecture, et de l’accélérer pour ceux qui n’éprouveraient pas le besoin d’approfondir chacune de ces étapes.
Vous y verrez que ce qui tisse et dirige cette évolution, est le trépied de la croissance de l’incertitude, de la multiplication des emboîtements, et des émergences de nouvelles propriétés.
Afin de préparer le passage à l’entreprise, j’ai aussi choisi d’émailler ce récit d’une série de commentaires sur l’entreprise, commentaires qui sont des embryons de ce qui est repris et détaillé dans la troisième partie.
Au cœur du monde animal, vous y découvrirez les fourmis de feu, ces êtres apparemment si minuscules, et pourtant capables de se transformer en radeau vivant, représentantes de la puissance d’une énergie collective, et de la petitesse d’un individu face à elle. Un appel à la modestie face à la force du groupe.
Certes nous ne sommes pas des fourmis, mais, comme une fourmi de feu qui, tout en ne sachant pas elle-même nager, participe à créer un radeau qui flotte, ne sommes-nous pas, nous non aussi, peu de choses sans la puissance de l’énergie collective : que peut un général sans son armée, un dirigeant sans ses collaborateurs, un chef de produit sans le reste de l’entreprise ou un ouvrier sans l’usine où il travaille ? Un dirigeant d’une entreprise ne devrait-il pas admettre que la puissance de celle-ci le dépasse, que vouloir la contrôler n’est pas la solution, et que prétendre la comprendre est impossible ? 
(extrait des Radeaux de feu)

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